Progressivité du processus

Marie-France Hirigoyen cite également la journaliste Pascale Robert Diard1 qui décrit fort bien la progressivité du processus d’éloignement de l’enfant : « Il y a d’abord un divorce conflictuel, avec les nombreuses procédures qui s’en suivent puis il faut trouver d’autres arguments ce qui amène à parler d’attouchements ou de viol et le stade ultime est l’enlèvement d’enfant avec comme prétexte : « je t’enlève pour te protéger parce que ton père ou ta mère est dangereux(se) pour toi »”. »

Les phases de l’aliénation parentale ont été théorisées par ACALPA dirigée par Olga Odinetz sur leur site Facebook de manière très précise et très synthétique. Voici ces phases : 

Comprendre le processus d’aliénation parentale est essentiel pour prévenir et intervenir efficacement. L’aliénation parentale se déroule souvent en plusieurs phases :

  1. Conflit parental : au cœur de ce processus, le conflit entre les parents constitue un terreau fertile pour les comportements aliénants.
  2. Manipulation de l’enfant : l’un des parents influence activement l’enfant, lui inculquant des perceptions biaisées ou négatives sur l’autre parent.
  3. Modification des perceptions de l’enfant : l’enfant commence à intérioriser cette vision biaisée, altérant son jugement et ses émotions.
  4. Rejet du parent ciblé : progressivement, l’enfant manifeste un rejet de plus en plus marqué envers le parent visé.
  5. Rupture de lien : l’étape finale est la perte totale du lien, marquée par la coupure relationnelle et affective.

Ces phases illustrent combien la dynamique d’aliénation est progressive, touchant profondément l’équilibre et la santé émotionnelle des enfants. 

Le psychiatre Paul Bensussan2 parle que dans la phase sévère : “les distorsions cognitives et les croyances erronées concernant le passé ou le parent rejeté vont jusqu’à l’effacement progressif des bons souvenirs avec la conviction inébranlable d’une réalité fantasmé et d’un passé remanié. La métaphore informatique s’impose d’elle-même c’est un « reformatage » du disque dur de la mémoire et de l’affectivité dont il s’agit”.

Le Pr. Douglas Darnall Phd 3 est celui qui a le mieux réussi à définir les différents stades de manière limpide :

  • L’aliénation naïve
    Dans cette forme, le parent est passif et il peut avoir occasionnellement des
    comportements inconscients aliénant ou renforçant l’aliénation de l’enfant. Tous les
    parents sont susceptibles d’avoir ces agissements à la suite d’une désunion. Le souhait
    du parent n’est pas de modifier la relation de l’enfant avec son ex-compagn-on(-e).
  • L’aliénation active
    La blessure narcissique et la colère occasionnées par la rupture sont toujours très
    présentes. Dans ce contexte, le parent perd le contrôle de ses propos sur son ex-conjoint.
    Cependant, ces mouvements impulsifs suscitent un sentiment de culpabilité.
  • L’aliénation-obsession
    Le parent aliénant a pour objectif ultime de détruire l’autre et la relation entre ce
    dernier et leur enfant. L’auteur considère que ce parent part en croisade pour protéger
    son enfant de son deuxième parent. Il est persuadé que sa cause est justifiée. Pourtant,
    son action est basée sur des croyances irrationnelles. Fréquemment, ces personnes
    recherchent du soutien extérieur auprès d’avocats ou d’experts qui viendront les
    conforter dans leurs postions. Dans les cas où ces professionnels expriment une
    remise en cause de leurs discours, ces parents se passent de leurs services. Ces
    situations sont extrêmement périlleuses pour la justice et ces parents n’ont pas
    conscience de la souffrance générée chez leurs progénitures.
  1. Marie-France Hirigoyen, « Séparations avec enfants », Éditions La Découverte, Paris, 2024 ↩︎
  2. Dr Roland Broca et Olga Odinetz : « Séparations conflictuelle et aliénation parentale – Enfants en danger » 3ème édition revue et augmentée, Édition Chronique Sociale, 2022, p44
    ↩︎
  3. Warda Si Mohammed – LA PRATIQUE EXPERTALE ET JURIDIQUE DANS LE SYNDROME D’ALIÉNATION PARENTALE – 2016 ↩︎